Étude de cas
Une entreprise ontarienne met au point le premier détecteur de rayons X portable en double énergie au monde
novembre 7, 2022
novembre 7, 2022
Une imagerie diagnostique de haute qualité est essentielle pour diagnostiquer et traiter les maladies affectant les poumons. Une entreprise de l’Ontario, KA Imaging, a mis au point le premier détecteur de rayons X portable en double énergie au monde, une technologie révolutionnaire qui peut être installée sur n’importe quel appareil à rayons X pour améliorer considérablement la qualité des radiographies pulmonaires.
La radiographie en double énergie utilise deux expositions aux rayons X (une exposition à haute intensité et une à faible intensité) pour séparer les tissus mous et les os sur les images. Les cliniciens peuvent ainsi observer le tissu pulmonaire sans être gênés par les côtes, ce qui facilite grandement la détection des changements liés au cancer ou à d’autres maladies pulmonaires. Jusqu’à présent, cette technologie présentait une limite importante : comme les deux expositions sont séparées d’environ une demi-seconde, tout mouvement du patient peut créer un flou ou une traînée (appelé artéfact de mouvements) qui réduit la clarté de l’image. Même le battement du cœur contre les poumons peut modifier l’image.
KA Imaging a résolu ce problème. Plutôt que de produire deux expositions à la tête émettrice, le nouveau détecteur de rayons X de la société sépare l’énergie à haute intensité et l’énergie à faible intensité à l’extrémité réceptrice. Une seule radioexposition est nécessaire, ce qui permet d’obtenir des images plus claires et plus nettes. Le détecteur KA s’installe facilement sur les appareils à rayons X de sorte que tout appareil fixe ou portable peut désormais devenir un système en double énergie à un coût minime.
Début 2020, KA Imaging travaillait avec l’University Health Network (UHN) pour évaluer l’utilisation de sa nouvelle technologie dans le dépistage du cancer du poumon. Au début de la pandémie, la société a immédiatement perçu le potentiel de cette technologie pour le diagnostic et le traitement des patients atteints de la COVID-19. Beaucoup d’entre eux souffrent de pneumonie, et une image en double énergie de haute qualité pourrait potentiellement détecter les changements subis dans le poumon plus tôt qu’une radiographie standard. Le fait que la technologie soit portable serait également un net avantage, puisqu’elle réduirait la nécessité de déplacer les patients atteints de la COVID-19 dans l’hôpital.
L’occasion de mettre ce détecteur à l’essai auprès de cette population de patients est arrivée par le biais d’une initiative lancée par le réseau EAHN™ de l’OBIO pour faire avancer les nouvelles technologies ayant le potentiel de traiter la COVID-19. Grâce au réseau EAHN™, les entreprises proposant des technologies de la santé innovantes sont mises en relation avec des organismes de santé pour mettre à l’essai, perfectionner, adopter, acquérir et diffuser de nouvelles technologies. KA Imaging et l’UHN ont été retenus pour participer au programme et ont lancé une étude axée sur les patients atteints d’un cancer ayant reçu une greffe de cellules souches. Pour ces patients immunodéprimés, la pneumonie serait particulièrement inquiétante.
L’étude permet aux cliniciens de vérifier si les images en double énergie leur permettent de détecter des cas de pneumonie qu’ils ne verraient pas avec une radiographie standard. Elle fournit des données permettant de déterminer si l’utilisation de la technologie augmente la confiance des cliniciens dans leur diagnostic.
La réalisation d’une étude pendant la pandémie s’est avérée difficile, et l’étude continue de recruter des patients. Cependant, l’utilisation de la technologie en milieu hospitalier a déjà permis à KA Imaging de tirer des enseignements importants, et ainsi d’optimiser ses algorithmes et de peaufiner la technologie pour garantir une meilleure qualité d’image.
Bien que l’étude EAHN™ se soit concentrée sur les patients atteints de la COVID-19, KA Imaging estime que sa technologie peut améliorer le diagnostic et les soins pour un large groupe de maladies, du cancer du poumon à la tuberculose. Et même si la technologie ne remplacera pas les capacités avancées des tomodensitogrammes, le nombre de ces appareils au Canada est limité, en particulier dans les régions éloignées. L’amélioration des images à rayons X pourrait probablement répondre à une partie de la demande.
L’entreprise estime son marché initial à 2 milliards de dollars. Cependant, il existe quelque 500 000 systèmes radiologiques dans le monde, ce qui crée un potentiel de marché important. KA Imaging a déjà engagé des distributeurs pour s’occuper des ventes, du soutien et de l’installation aux États-Unis, au Pakistan, en Indonésie, en Malaisie, au Mexique, en Australie et à Taïwan et a fait une demande d’approbation réglementaire en Europe. L’entreprise travaille également sur des plans de distribution au Canada.
Le réseau EAHN™ contribuera à ce processus. À la fin de chaque étude EAHN™, le partenaire du milieu hospitalier fournit une détermination de la valeur et une recommandation pour l’acquisition. Le document détaille les résultats de l’évaluation et la valeur que la technologie offre aux patients, aux cliniciens et au système, et indique si l’organisme recommande l’acquisition de la technologie. KA Imaging pense qu’une recommandation d’un hôpital aussi connu que l’UHN aidera la société à développer son marché. La société apprécie également le fait que l’OBIO défend les intérêts des entreprises ontariennes de technologie de la santé. Le partenariat avec le réseau EAHN™ permet aux entreprises en démarrage de présenter leurs technologies aux hôpitaux et au gouvernement, garantissant ainsi un public plus vaste pour leurs produits.